zodiac latinParole de chrétien

Mon grand-père physicien et humaniste, récemment disparu à plus de 100 ans, ne voulait pas entendre parler d’astrologie. De la part d’un scientifique, le rejet pouvait se comprendre.  Mais lorsque, adolescente et déjà passionnée, je lui demandai pourquoi, au lieu de m’asséner les arguments scientifiques habituels, il répondit  à ma grande surprise : parce que je suis chrétien. Cette réponse me laissa perplexe ; je ne comprenais pas en quoi le fait d’être chrétien excluait d’emblée la recherche d’une correspondance symbolique entre les événements célestes et les événements humains. Mon grand-père précisa d’un ton qui mettait fin à la conversation qu’il était blasphématoire de chercher à prévoir l’avenir, qui était entre les mains de Dieu.

Prêtres astrologues

D’un point de vue historique, longtemps les prêtres furent également astrologues (et souvent médecins) : ils étaient les gardiens de la connaissance. Mais une scission progressive aboutit au XVIIe siècle au divorce entre connaissance scientifique et connaissance ésotérique, chacune regardant dans deux directions opposées, vers des plans de réalité ou de conscience différents, la première vers le monde visible, la réalité objective, la seconde vers l’invisible, le symbole, le sens métaphysique. L’Eglise et l’Astrologie devinrent deux mondes distincts. Et si l’astrologie n’a pas tourné le dos à l’Eglise, celle-ci la regarda désormais avec mépris et méfiance.

Pourquoi ?

Les arguments rationalistes ne sont pas les seuls responsables. Le reproche essentiel des chrétiens à l’égard de l’astrologie est son intention de percer les mystères de la destinée.

Astrologue : mécréant ou mystique ?

Or, le fondement et le but de l’Astrologie n’est pas de prévoir, mais plutôt de comprendre le monde, les autres et soi-même à travers une grille de lecture. La pratique de cet art, loin de faire de nous des mécréants, nous tend au contraire toujours plus vers une transcendance et nous porte toujours plus vers une élévation spirituelle. L’astrologue apprend en effet, au fil de sa pratique, que les événements à venir ne sont pas écrits de façon définitive, mais que telle échéance planétaire (que l’on peut en effet prévoir, du fait de la marche cyclique, prévisible, des corps planétaires) peut donner lieu à plusieurs types d’interprétation, de la plus physique à la plus subtile, de la plus manifestée à la plus intériorisée, selon le degré d’évolution de la conscience du sujet. Plutôt que de chercher à poser des jalons incontournables dans la destinée de quelqu’un, l’astrologue s’évertue à faire entrevoir à la personne qui vient le consulter qu’en changeant de regard sur elle-même, elle changera la réalité de sa vie, aidée en cela par les échéances planétaires qui sont toujours une occasion de transformation (et non un temps d’épreuves obligé, par exemple).

Priere Le mode de pensée astrologique conduit souvent les astrologues à aborder la dimension mystique et spirituelle. Pour nombre d’entre eux, chaque individu est porteur d’une étincelle divine, ou encore d’une intentionnalité de l’univers qu’ils tentent de saisir à travers le thème natal.

Certains, en constatant des correspondances entre le thème natal et l’histoire familiale (antérieure, donc, à la naissance), sont même parvenus à la conclusion que quelque chose, intérieur ou extérieur à l’être, choisissait le lieu et le moment de l’incarnation. Ce qui signifierait que les planètes du thème natal ne seraient pas causes, mais signes, ou encore reflets du caractère et de la destinée. C’est du reste ce qu’écrivait déjà  le philosophe grec Plotin, au XIe siècle.

A partir de cette idée, on en arrive à celle que, pas plus que notre caractère, les planètes ne déterminent notre avenir. Les cycles et transits planétaires, que les éphémérides astronomiques permettent de calculer rapidement, ne seraient plus dans ce cas qu’une projection dans le système solaire de notre horloge interne – biologique et spirituelle.

Personnellement, je n’ai encore jamais rencontré d’astrologue athée. Le matérialisme scientifique et l’astrologie ne font pas bon ménage – est-il utile de le préciser ?

Par ailleurs, dans l’éventualité ou l’unique objectif de l’Astrologie serait de prévoir, ne pourrait-on considérer que, Dieu ayant créé l’univers, Il nous donne accès, à travers le cheminement astrologique, à une forme de connaissance des rythmes et des cycles de la vie ? est-il impie d’étudier les mouvements de la Lune pour prévoir les marées ? Qui décide que telle étude ou tel art est sacrilège ? Le souci de prévoir et de maîtriser sa destinée est profondément humain.